Communiqué de presse

Concertation du groupe de Calais à Londres sur la lutte contre la migration de transit et le trafic d'être humains

La ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden et la secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration Nicole De Moor sont à Londres aujourd'hui pour adopter un plan d'action conjoint avec les ministres de l'Intérieur du Royaume-Uni, de la France, des Pays-Bas et de l'Allemagne, concernant la lutte contre le trafic d'êtres humains et la migration de transit. Une concertation préalable du « groupe de Calais » a eu lieu à Bruxelles le 4 mars 2024. La rencontre d'aujourd'hui est présidée par la ministre britannique de l'Intérieur Yvette Cooper et son homologue allemande Nancy Faeser.

Lors de cette rencontre, le Royaume-Uni entend faire adopter un « plan d'action conjoint » qui comprend dans un premier temps cinq mesures visant principalement à améliorer et à poursuivre l'opérationnalisation des procédures et des accords de travail existants.

Problématique

Le phénomène de la migration de transit et donc du trafic d'êtres humains – qui concerne les personnes qui séjournent temporairement dans un pays ou qui y transitent pour finalement arriver au Royaume-Uni – connaît une nouvelle recrudescence.
Selon le rapport européen ISAA (Integrated Situational Awareness and Analysis), 62 000 traversées illégales ont été recensées en 2023, soit une baisse (-12 %) observée pour la première fois depuis des années. Cependant, l'année 2024 a enregistré une nouvelle tendance à la hausse : du début de l'année à novembre 2024, 61 918 traversées illégales de la Manche ont été détectées, soit 8 % de plus qu'au cours de la même période de l'année précédente.

La Belgique observe moins de départs effectifs de petites embarcations par la mer du Nord que la France. La distance entre les côtes belge et anglaise y est en effet beaucoup plus importante et les courants y sont contraires. Le déploiement de la police et des services de secours dans les eaux territoriales belges répond souvent à une demande de la France, car les bateaux de fortune transportant des migrants risquent de dériver. Le port de Zeebruges et les aires de stationnement des camions le long des autoroutes constituent un point d'attention majeur pour notre pays (en raison de la présence de passagers clandestins). Nos services sont également vigilants en ce qui concerne les déplacements du phénomène.

Les passeurs constituent une priorité pour nos services de police et la justice. Les organisations criminelles internationales promettent aux migrants qu'ils arriveront sains et saufs au Royaume-Uni en échange de sommes d’argent conséquentes. En démantelant ces réseaux de passeurs et leurs chaînes logistiques, nous pouvons sauver des vies. Les techniques utilisées sont en effet dangereuses et ont déjà coûté la vie à de nombreuses personnes, par exemple en raison du manque d'oxygène dans des conteneurs, d'hypothermie dans des transports de produits congelés ou de noyade. Pour que les enquêtes soient aussi efficaces que possible, il est important que les échanges d'informations entre les pays concernés soient fluides, y compris avec le Royaume-Uni.

Besoin de partage d'informations et de coopération

Le Brexit a notamment eu pour conséquence de mettre fin à de nombreuses collaborations existantes entre les services de police, tout particulièrement en termes de partage d'informations. Les premières étapes majeures vers un véritable partage d'informations ont été la mise en place d'un cadre pour les échanges de données en 2021 entre les services répressifs des États membres et le Royaume-Uni, ainsi que la coopération entre le Royaume-Uni, Europol et Frontex.

Lors de la concertation, la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden a une nouvelle fois insisté sur l'importance de partager les informations avec rapidité et efficacité. L'absence de cadre légal permettant, outre la coopération policière et judiciaire, de prendre d'autres mesures pour endiguer les flux migratoires a également été soulignée.

Plan d'action conjoint

Grâce à un plan d'action conjoint, les pays concernés cherchent déjà à prendre des mesures ayant un impact immédiat à court terme. Le plan vise à améliorer et à opérationnaliser davantage les procédures et les modalités de travail existantes.

Il s'articule autour de cinq points :

·        rassembler les initiatives individuelles de communication visant à dissuader la population des pays à partir desquels la plupart des départs sont observés ;

·        affiner le partage d'informations dans le but de recueillir des informations plus ciblées auprès des victimes du trafic d’êtres humains et de déstabiliser plus efficacement les organisations criminelles, de briser leur modèle de revenus et de paralyser plus rapidement les chaînes logistiques ;

·        déployer le partage d'informations de manière spécifique afin de détecter les mécanismes de financement illégal des réseaux de trafiquants ;

·        contrer l'utilisation des réseaux sociaux par les passeurs, qui les utilisent actuellement en masse pour recruter des « clients » ;

·        réaliser des analyses de risque en Europe du Nord-Ouest et partager plus rapidement et plus efficacement les informations tirées de ces analyses sur les flux migratoires et les itinéraires des passeurs afin d'organiser des actions de répression plus rigoureuses.

Annelies Verlinden, ministre de l'Intérieur :

« De nombreuses mesures ont déjà été prises depuis le Brexit pour améliorer et opérationnaliser la coopération dans la lutte contre la migration de transit et donc le trafic d’êtres humains. Le soutien et la mobilisation du Royaume-Uni dans le port de Zeebruges et, par extension dans la région côtière, en sont un bon exemple. Mais traduire les renseignements en informations opérationnelles permettant de sauver des vies humaines et de démanteler la criminalité organisée internationale dans le domaine du trafic d’êtres humains nécessitera encore plus d'efforts et de compromis à l'avenir. Le modèle économique des passeurs de migrants doit ainsi également être détruit. Les partenaires autour de la table ont convenu que le fait d’anéantir leur modèle de revenus peut constituer un frein important au trafic de migrants et donc un moyen efficace d'éviter des victimes. En adoptant le plan d'action conjoint, nous faisons encore un pas de plus dans la bonne direction. »