Coalition de six pays unit ses forces pour lutter contre la criminalité organisée
La Havenhuis d’Anvers a accueilli aujourd'hui une conférence ministérielle de la coalition de pays européens contre la criminalité grave et organisée. Sur invitation de la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden et du ministre de la Justice Vincent van Quickenborne, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Commissaire européenne, Europol et Eurojust étaient conviés au Port d’Anvers. En octobre 2022, les 6 pays ont conclu aux Pays-Bas un accord de coopération, soutenu par la Commission européenne. Un premier état d’avancement du plan d’action à mettre en œuvre a été réalisé ce jour.
La Belgique, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie unissent leurs forces dans la lutte contre la criminalité organisée, avec une attention particulière pour la criminalité et la violence liées à la drogue. Les ports de ces pays sont des plaques tournantes économiques et hébergent des armateurs qui sont des leaders du marché international en matière de transport, d’importation et de transit de biens et de denrées alimentaires. De ce fait, ces hubs logistiques sont également d’importants carrefours utilisés par les organisations criminelles pour acheminer la drogue jusqu'aux consommateurs finaux.
Le port comme plaque tournante
Bien que des marchandises soient aussi transportées illégalement par route et par air, ce sont surtout les conteneurs à fruits en provenance des pays producteurs d’Amérique du Sud qui sont le moyen par excellence de faire parvenir de grandes quantités de cocaïne sur le continent européen. À cette fin, les organisations criminelles internationales ont mis en place une kyrielle de systèmes et de constructions ingénieux afin de contourner au maximum les contrôles. Pour de grosses sommes d’argent, des personnes occupant d’importantes fonctions administratives, de contrôle et stratégiques sont également soudoyées sur les docks mêmes. Les conteneurs les plus sensibles arrivent dans notre pays via le Port d’Anvers. Sur proposition des ministres Verlinden et Van Quickenborne, le gouvernement fédéral a réalisé d’importants investissements pour renforcer la Police Fédérale de la Navigation. La douane poursuit également ses investissements pour pouvoir scanner encore plus de conteneurs.
Une collaboration poussée entre six pays européens
Les pays de la coalition antidrogue unissent donc leurs forces dans la lutte contre la criminalité organisée étant donné qu’ils sont confrontés aux mêmes problématiques. Ils veulent pouvoir y apporter une réponse conjointe et uniforme et, de cette façon, éviter aussi l'effet de vases communicants. Assurer une sécurisation plus poussée ou différente d'un port plutôt que d’un autre conduira les organisations criminelles à déplacer leurs activités.
Une coopération étroite avec les armateurs est aussi essentielle. Ces entreprises sont implantées dans les différents ports et bénéficieront d'un environnement de travail sûr, avec des collaborateurs qui résistent aux propositions de milieux criminels. Le partage d’informations sur les mouvements des conteneurs et les innovations en matière de sécurisation des conteneurs et des terminaux devront à terme compliquer l’importation de drogues sur le continent européen par les narcotrafiquants.
Moins il y aura de drogues dans nos ports, moins les criminels auront de revenus. Et cet aspect est également au centre de l’attention de la coalition des six pays. En identifiant les flux d’argent et les structures illégales associées qui voient le jour pour blanchir l’argent sale, il sera possible de toucher les organisations criminelles directement dans leur portefeuille.
À cette fin, des efforts seront déployés pour améliorer le flux d'informations entre les six pays et pour mettre en œuvre des partenariats entre les différents services de sécurité et de contrôle de l’Intérieur et de la Justice. Les six pays ont adopté aujourd'hui une déclaration décrivant les différentes actions.
Les consultations entre les six pays ont également eu lieu en présence de la commissaire nationale aux drogues Ine Van Wymersch et de la responsable de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis. Le but est d’intégrer l’expertise de la DEA dans l’approche de la coalition de six pays et de créer des partenariats durables.
Un signal fort
Il est clair que, dans leur lutte soutenue par la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, les six pays envoient un signal clair aux milieux criminels. En réunissant les forces des autorités des différents pays, l’impact sera bien plus grand. Un impact que la coalition veut également avoir dans les pays d'origine et dans les pays qui continuent aujourd’hui d’offrir un refuge aux criminels, où l’argent sale peut être écoulé, et même protégé, sans difficultés.
Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur : Nous devons nous structurer comme les organisations criminelles : de façon transfrontalière, avec un vaste réseau qui repose sur la coopération, la solidarité et qui poursuit le même objectif. It takes a network to fight a network: c'est la seule façon de faire front et de sécuriser au mieux nos ports et nos rues. Plus nous collaborons et partageons de bonnes pratiques avec tous les services publics et partenaires privés, plus notre approche sera efficace. Cette bataille, que j'ai engagée dès mon entrée en fonction, ne sera pas simple à gagner. Mais dans la pratique et sur le plan opérationnel, nous prenons chaque jour des mesures qui compliquent toujours plus la tâche des criminels. En outre, grâce à la coalition de six pays, nous envoyons également un signal clair à l'Europe, un signal que je réitérerai aussi lors de la présidence belge de l'Union européenne l'année prochaine. Les initiatives législatives au niveau européen devraient encore faciliter les possibilités en termes d'échange d'informations. Il est aussi important que l’Europe opère de manière unie pour exercer un impact sur les pays d'origine et les paradis fiscaux.
Vincent Van Quickenborne, ministre de la Justice : « Les problèmes rencontrés à Anvers et ailleurs dans le pays émergent aussi en Allemagne et en France, par exemple. Les pays de la coalition sont parfaitement conscients que les frontières nationales n'existent pas aux yeux des criminels et que les ports européens sont des vases communicants en ce qui concerne le trafic de drogue. Entre-temps, la collaboration entre les six pays est bonne et les succès remportés contre la mafia de la drogue se multiplient toujours plus rapidement. Mais nous devons aussi coopérer davantage avec les États-Unis. C'est pourquoi j'ai jugé importé d’inviter Anne Milgram, responsable de la DEA, à cette conférence. La DEA emploie 10 000 personnes dans le monde et dispose d’informations très utiles sur les narcotrafiquants et les clans mafieux du monde entier, notamment dans les pays d'origine. Je plaide également en faveur de traités européens d'extradition et d'entraide judiciaire avec des pays tels que les Émirats arabes unis, le Maroc ou la Turquie, où se retranchent les narcotrafiquants. Les autres pays signalent qu'ils rencontrent les mêmes difficultés que nous en matière d'extradition. Nous devons agir ensemble, plutôt que séparément. Une telle approche nous garantira de meilleurs résultats. »